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Technoslaves : qui sont les forçats de l'I.A ?

marx et la tech

Les Intelligences Artificielles ne sont pas nées de la pensée magique : une armée de travailleurs d'invisibles, exploités aux quatre coins du monde, analysent des quantités monstrueuses de données pour nourrir les robots conversationnels.

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La création d'IA génératices, tels ChatGPT ou Midjourney, exige d'énormes quantités de data, retraitées par des cerveaux humains. On les appelle les "annotateurs". Précaires, ils sont les petites mains de l'intelligence artificielle.

Dans une enquête menée pour Radio France, Luc Chagnon raconte le cas de Mophat Okinyi.

"En 2021, Mophat Okinyi doit relire chaque jour plusieurs centaines de textes fournis à l'entreprise de traitement de données Sama par un client inconnu, pour entraîner un modèle d'intelligence artificielle (IA). L'objectif : préciser au logiciel ce qui pose problème dans ces textes, pour qu'il ne le reproduise pas. Un travail rémunéré 21 000 shillings kenyans par mois (environ 150 euros) pour les employés du bas de l'échelle dont Mophat contrôlait l'activité. Cela a laissé chez lui des traces à vie."

L'histoire de Mophat Okinyi est partagée par une masse de petites mains invisibles. Certaines études, comme celles de la Banque Mondiale, estiment qu'ils seraient des centaines de millions.

"L'IA demande une quantité de travail humain énorme et absolument indispensable, dans toute la chaîne de production". Antonio Casilli, professeur à l'Institut polytechnique de Paris

Cette armada de travailleurs se trouvent généralement dans des pays en développement, et reçoivent des rémunérations de quelques dollars par heure au mieux.

En effet, pour des raisons de rentabilité, cette tâche est sous-traitée à des entreprises des Philippines, de Madagascar, du Kenya, du Venezuela ou du Pakistan, qui rémunèrent les employés à la "micro-tâche".

Leur rôle : entraîner les algorithmes, comme les esclavent d'autrefois nourrissaient les animaux de ferme.

Si les smartphones peuvent flouter tous les visages d'une photo en deux secondes, ou si une Tesla peut se garer en autonomie, c'est grâce à leur travail incessant, comparable à celui que vous faites quand un capcha vous demande de reconnaître un passage pieton. Cliquer, cliquer, sans cesse.

On appelle cela "annoter" les data, les commenter, pour que la machine comprenne que tels pixels réunis dans tel ordre représentent un visage humain... ou que telle vidéo représente un meurtre et que le meurtre est interdit, etc... Bref, ces techno-slaves nourrissent les IA de contexte.

"Tant qu'on continuera à penser que l'IA est seulement l'affaire de génies, on aura un problème." Antonio Casilli

La plupart des prolétaires de l'IA bossent directement ou indirectement pour l'entreprise Appen, et se trouvent sur des plateformes type Remotasks. C'est une société basée sur le modèle de 5euros.com, qui permet à n'importe qui d'être rémunéré pour une micro-tâche.

Une enquête du magazine Wired, intitulée "Underage Workers Are Training AI", nous apprend que ces plateformes sont "un eldorado qui attire notamment des mineurs qui mentent sur leur âge pour rejoindre ces plateformes de micro-tâches". Et oui, les I.A provoquent une inflation du travail des enfants.

Nous sommes clairement dans le néo-colonialisme et le néo-esclavagisme.

Une enquête du média Rest of World a révélé qu'en Chine des universités vendent des "formations au Big data", qui ne sont qu'un cache nez pour du travai forcé pour des entreprises d'annotation d'images.

Pour révéler les dessous de ce techno-esclavagisme, l'ONG Techworker Community Africa agit pour exiger davantage de transparence de la part des entreprises de la Silicon Valley. Au Kenya, un syndicat (l'Union des modérateurs de contenus) a commencé à négocier des hausses de salaires.

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